Comme la plupart des mères de jeunes enfants, en particulier de moins de cinq ans, j’ai souvent été challengée et épuisée. Mais quand ma fille de trois ans à l’époque, normalement calme, s’est transformée en alarme ambulante qui hurlait à la moindre contrariété. Quand elle s’est mise à crier à en faire péter les vitres à chaque injustice. Ou à pleurer toutes les larmes de son corps dès qu’on faisait mal à une araignée. Ou à se mettre dans un état incroyable quand elle sentait la couture de sa chaussette sur la peau de ses orteils. Là, le vase a débordé.
Au fur et à mesure que cela se produisait, je devenais tendue comme un arc, prête à exploser de colère, à tout moment : un jouet qui tombait, des miettes de pain sur le tapis, une question d’un de mes enfants, un « Maman » par ci, un bruit par là. J’avais trop d’interactions et de stimuli. J’étais irritable, je redoutais la journée à venir et je voulais constamment être seule. (Lire aussi : Mieux vivre nos émotions de parent)
Mais tout a changé le jour où une amie s’est tournée vers moi et m’a dit: «On dirait que ta fille est une personne très sensible. Et il y a de fortes chances pour que toi aussi. »
J’ai repoussée du revers de la main cette étiquette à la mode et superficielle.
Mais quelques mois plus tard, en voyant une autre amie assumer pleinement son hypersensibilité, je me sentais bizarrement agacée par ses réactions, par ce que j’appelais de la « sensiblerie », par sa tendance à se complaire là dedans… mes réactions étaient complètement disproportionnées.
Jusqu’à ce qu’elle me dise : « tu sais Marine, tu peux faire tomber le masque, ça fait du bien ». Et zou, j’ai ouvert les vannes et les larmes sont arrivées. Et pourtant, j’ai encore mis un peu de temps à accepter que
- Non, ma manière de voir le monde n’est pas anormale
- La meilleure manière d’être au monde n’est pas de se taire.
- Je n’ai pas besoin de mettre un masque, de rentrer dans un moule pour plaire aux autres.
- Le fait de capter les informations des autres, comme leurs désirs, leurs sentiments, leurs besoins ne me rend pas responsable de tout ça. Je n’ai pas à me sur adapter pour satisfaire les besoins des autres.
- Si j’ai besoin d’être souvent seule, ce n’est pas parce que je suis nulle, associable, inadaptée.
- Le seul truc qui cloche chez moi, c’est que par la force des choses, je me suis déconnectée de ma sensibilité.
- Je ne suis pas une extra-terrestre même si je peux capter l’énergie d’un lieu, d’une personne, d’un animal ou même d’un objet.
- Si je n‘arrive pas à suivre une conversation dans un bar. Ou si je suis gênée à outrance par les sirènes, certains ultrasons, les gens qui parlent forts, ce n’est pas parce que je suis une chieuse.
- Oui, je suis plus réceptive aux médicaments, aux drogues ou à la caféine.
- Je peux pleurer devant des moments magiques, une lumière, un instant…
Etre hypersensible est un cadeau
Combien de fois ai-je eu la larme à l’œil face à des actes de solidarité, de générosité, la beauté du monde et des êtres qui le peuplent ?
A Berlin, lors du dernier marathon, je suis restée admirer les coureurs. J’étais installée juste à côté d’un groupe de percussionnistes. C’était puissant, intense. Et bien évidemment, je n’ai pu retenir mes larmes. J’étais touchée par la splendeur de cet instant.
Et à chaque fois qu’un coureur remerciait les musiciens ou saluait le public, je rouvrais les vannes instantanément. Des larmes et des larmes !
Quand je vois mes filles fières d’elles ou lorsqu’elles dansent en transe, les larmes me montent immédiatement.
Aujourd’hui je comprends, et je repense à tous ces moments où mes réactions me paraissaient anormales…
J’ai mis longtemps à comprendre et à accepter que je suis hypersensible. C’est surtout grâce au programme en ligne « retour à soi » de Carole Pirotte que j’ai appris à m’aimer un peu plus avec cette particularité et à accompagner mes enfants aussi dans leur hypersensibilité.
Et tant que je n’avais pas compris ça, j’avais énormément de mal à m’affirmer et à poser des limites saines à mes enfants. J’allais trop souvent à contre courant de qui j’étais.
Ma sensibilité au bruit, ma sensibilité aux mouvements, le fait que je ne me débrouille pas bien avec les surprises… et pourtant vous savez bien que les enfants : ça fait du bruit, ça remue dans tous les sens et les surprises et les changements se produisent 50 fois par jour quand on est parent.
Le fait aussi que les personnes sensibles sont bien souvent des éponges à émotions. C’est génial, c’est même un super pouvoir. Mais des fois, on a juste envie de couper cette hyper réception aux émotions des autres et de se mettre dans notre bulle. Pas toujours simple quand on est parent !
Lorsque je ne voulais pas accueillir cette partie de moi, ou que je n’en avais même pas conscience, mes limites personnelles étaient très souvent dépassées. Et en n’en prenant pas soin, en ne connaissant pas cette partie de moi, ça dérapait bien souvent et j’étais déjà en surchauffe au moment où il fallait gérer des conflits
Je sais maintenant que depuis que j’apprends à m’aimer chaque jour un peu plus, je peux me positionner, je peux m’affirmer et me faire respecter davantage. C’est beaucoup plus facile d’être en relation et de traverser des conflits avec mes enfants, mon conjoint, mes collègues,… n’importe qui.
Donc si vous êtes une maman hyspersensible, apprenez à l’accepter et à faire revenir votre sensibilité dans votre vie ! Vous dévoilerez enfin la femme affirmée que vous êtes.
Remettez vous en phase avec votre intuition, vos ressentis. Apprenez à vous écouter pleinement, à sentir quand “c’est trop”, et à vous offrir des temps de pause.
Passer du temps seule
Passer du temps seul, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité !
Nous sommes tellement attachés au sentiment de chacun que nous avons besoin de temps pour nous débrancher des gens. Pour nous, le temps seul est aussi important que l’exercice, bien manger ou dormir suffisamment.
Quand j’ai accepté ce fait et que j’ai cessé de me sentir coupable ou égoïste, ma patience a décuplé. Maintenant, j’ai appris à me programmer du temps seule dans ma journée.
Dès que ma plus jeune a commencé à dormir toute la nuit, j’ai pu à régler mon réveil plus tôt pour obtenir une bonne heure ou plus pour moi le matin.
J’inscrivais aussi ma fille au périscolaire quand j’avais besoin de ce temps. Pendant les siestes, je m’offrais du silence pour recharger mes batteries pour gérer la fin de la journée.
Communiquer
Il est essentiel de communiquer et de s’exprimer pour aider notre famille à comprendre nos besoins et nos réactions.
J’explique à mon enfant que j’ai besoin de moment de calme, seule. Verbaliser ce qu’on ressent et expliquer pourquoi, permet à notre enfant d’apprendre à faire la part des choses entre ce qui lui appartient ou pas. Et surtout qu’il ne se sente pas responsable de notre émotion.
Réduire les stimuli est la clé
Quand les décibels explosent à la maison et que je suis un poilichon fatiguée, je ne peux plus parler, je ne peux que me taire ou crier. Je sens tout mon corps se tendre. Et si mes enfants ont le malheur de me parler en même temps, je me sens hyper agressée et je peux rugir.
Lorsque mon niveau de stress augmente, à cause de cette stimulation excessive, je dois réduire les stimuli.
Ça peut vouloir dire allumer un dessin animé pour mes enfants afin que je puisse faire un peu de yoga pendant 30 minutes, ou sortir à l’extérieur avec les enfants pour avoir de l’air et de l’espace, ou m’enfuir seule faire un tour lorsque mon conjoint rentre à la maison. Même quelques minutes simplement assise sur une chaise et méditant les yeux fermés font baisser la pression et remonter ma patience.
Vivre la simplicité
Limiter le nombre d’activité, ralentir, décliner une invitation, réduire le nombre de décisions à prendre chaque jour, installer des routines, arrêter de courir…
Se foutre la paix, baisser ses exigences, arrêter l’autocritique, lâcher le perfectionnisme…
Se déconnecter de la télévision, des notifications. Réduire sa consommation, désencombrer son environnement…
Simplifier signifie que je dois me demander ce qui est le plus important à chaque instant. J’en suis venu à croire que la chose la plus importante que je puisse offrir à mes enfants est une connexion authentique et aimante. Si je prends soin de moi, je peux être authentique avec eux et être vraiment présente.
Quant à ma fille qui crie ? Elle a maintenant 7 ans et elle sait que quand elle se sent submergée, elle peut se retirer dans sa chambre quelques instants ou me faire un gros câlin, pour retrouver son calme, son rire et sa chaleur. Et moi, je fais la même chose ! 😉
👍 yes! Un truc qui marche très bien pour moi, c’est de me déconnecter de mes enfants en mettant un livre audio dans mes écouteurs, et je leur dit « désolée j’ai besoin de m’isoler et vous pouvez me parler mais je n’entends pas », c’est comme un jeu/un code bizarre mais sans jugement ni d’eux ni de moi. Tout en les faisant manger ou en restant en interaction avec eux s’il y a besoin, mais je suis dans mon univers mental et du coup je suis souriante et calme.
Salut Laure,
J’aime bien cette astuce ! 😉
Merci !
Merci Marine pour cet article, et tous les autres. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu écris.
J’étais en train de me dire tout en lisant : » je n’ai pas besoin d’être seule, au contraire » et puis en fait si, j’apprécie énormément mon heure du matin avant le réveil de mon grand, et le temps de la sieste. Je refuse souvent les sorties l’après-midi pour ne pas louper ce temps de sieste, pour moi et pour qu’il soit assez reposé pour ne pas devenir invivable le soir.
J’ai enfin compris que j’étais hypersensible mais j’ai encore beaucoup de mal à l’accepter. Merci pour toutes tes astuces.
Avec plaisir Hélène ! 🙂
Merci Marine pour ce témoignage où bien évidemment je m’y retrouve tant…En chemin, pas à pas…je suis…De la déprogrammation à faire, intervenir, gérer d’une autre façon avant que la cocotte minute explose…Un travail de longue haleine mais quiet vaut la peine…Je suis en quête du calme, de la paix à la maison…même si en effet les enfants ont besoin de bouger, s’exprimer…